François Fillon, le Thatcher français.

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Il a gagné le premier tour de la primaire à droite de très loin, il était l’éternel outsider, mais il est maintenant sous le feu des projecteurs.

Il est le représentant de la droite conservatrice sur les moeurs mais très libéral en économie, assez proche des Tories britanniques.

Sur les thématiques importantes pour les musulmans, il est proche d’un Sarkozy ou d’un Le Pen, mais manque de rhétorique et de charisme pour affirmer ses idées. Il dénonce une “invasion sanglante de l’islamisme dans notre quotidien”.

Il représente la province, une certaine forme de tradition et de catholicité. Cette ligne est justement ce qui attirera la majorité des électeurs de la droite de gouvernement, lassé des discours issus d’une droite chiraquienne dépassée.

Niveau économique, c’est un partisan de la rigueur la plus dure, au niveau du travail de Thatcher dans les années 80, sans serrage de ceinture, pas de salut, un aperçu :

-suppression des 35h : suppression du seuil de déclenchement des heures supp
-extension du temps de travail jusqu’à un maximum de 48 heures
-passer à la semaine de 39 heures pour les fonctionnaires
-augmenter l’âge de la retraite à 65 ans
-supprimer 500 000 postes de fonctionnaires
-réduire les dépenses de l’Etat de 100 milliards d’euros
-réduire l’impôt des entreprises de 40 milliards d’euros
-inscrire le respect des 3 % de déficit dans la Constitution
-augmenter de 2 points la TVA payée par tous les consommateurs (16 milliards)

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Paul Krugman et Joseph Stiglitz, tous deux prix Nobel d’économie, affirment que les

politiques d’austérité constituent un échec monumental comme moyen pour remettre les pays sur la voie de la prospérité.Pour eux, la prospérité s’acquiert par la création d’emplois et par des investissements massifs dans l’éducation, l’économie du savoir, l’innovation, les nouvelles technologies et dans les infrastructures. Il faut repenser la fiscalité pour que les très bien nantis fassent leur part, et règlementer sévèrement le secteur bancaire et financier.

Un exemple digne de mention au chapitre de la réussite est l’Islande. Bien sûr, le pays est tout petit (à peine 325 000 habitants) mais le scénario retenu pour la sortie de crise constitue une référence. En 2010, après avoir rejeté le plan d’austérité imposé par le FMI, le gouvernement islandais a décidé d’investir massivement dans ses programmes sociaux, qui sont passés de 21 % à 25 % du produit national brut (PNB) du pays. Le filet de protection sociale s’est amélioré, protégeant mieux l’ensemble de la population.

Résultat: en 2012, l’Islande avait un taux de chômage inférieur à 5 %, un taux de croissance économique de 3 % et avait même commencé à rembourser plus rapidement sa dette nationale.

Malgré tout, cette austérité et cette rigueur, qui définissent autant le personnage que sa politique, vont séduire des français (pour l’instant en tout cas). C’est un vote utile (économie) et de colère (islam, identité, tradition). L’alchimie gagnante ?

Crédit photo © GuillaumeTC