Un père présent fait des ados contents

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© Simon Dannhauer / Shutterstock.com

Plus un père est impliqué émotionnellement dans l’éducation de son enfant, moins ce dernier risque de souffrir de troubles du comportement à l’adolescence.

Changer les couches, préparer les biberons, faire les courses, jouer, faire des câlins, lire des histoires… Être parents d’un nouveau-né implique de lui consacrer beaucoup de temps – tout en continuant de s’occuper de son couple et de son travail. Car on sait que le développement du bébé dès le plus jeune âge influe beaucoup sur ce qu’il deviendra, notamment sur les troubles comportementaux ou psychiques dont il pourrait souffrir une fois adulte. Si le rôle des mères dans les soins aux enfants a beaucoup été étudié, l’implication des pères dans la parentalité est plus difficile à cerner, notamment parce qu’elle change beaucoup depuis quelques dizaines d’années. Aujourd’hui, les père participent plus à l’éducation des enfants, en partie car les mères continuent davantage de travailler. Les tâches s’équilibrent à la maison. Est-ce que cela change la donne pour les enfants ?

Charles Opondo, de l’université d’Oxford, et ses collègues ont déterminé les conséquences de l’implication des pères dans l’éducation sur le devenir de leur enfant, en particulier sur son comportement à l’adolescence. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé les données d’une large cohorte du sud-ouest de l’Angleterre, dans laquelle plus de 14 000 bébés sont nés en 1991 et 1992. Quand ces enfants ont eu 8 semaines et 8 mois, les pères ont été interrogés sur leur parentalité selon trois grands axes regroupant plus de 50 questions.

Le premier axe évaluait la réaction émotionnelle du père à la paternité : Parle-t-il à son bébé ? Est-il heureux de la façon dont il s’en occupe ? Est-il stressé ? Regrette-t-il d’avoir eu un enfant ? Supporte-t-il les cris et les pleurs ? Travaille-t-il encore… ? etc. Le deuxième aspect mesurait l’implication du père dans les tâches domestiques et les soins au bébé : fait-il les courses depuis la naissance ? Prépare-t-il à manger ? Lave-t-il le bébé ? Joue-t-il avec lui ? etc. Enfin , le troisième axe estimait la confiance du père en tant que parent et en tant que conjoint : a-t-il confiance en lui ? Le couple a-t-il changé ? Aime-t-il encore sa compagne ? Sa femme lui porte-t-elle encore de l’attention ? etc.

Puis quand les enfants ont eu 9 ans et 11 ans (presque la moitié sont restés dans la cohorte), leur mère a été interrogée sur leur comportement : l’enfant souffre-t-il de troubles émotionnels, d’anxiété, de difficultés relationnelles, d’hyperactivité ou de problèmes de comportement en société ?

Résultat : les enfants dont le père avait obtenu un score élevé de réaction émotionnelle et de confiance ont respectivement 13 % et 14 % de risques en moins de souffrir de troubles du comportement à 9 ans, et 11 % en moins à l’âge de 11 ans, comparés aux enfants dont les pères avaient eu de faibles scores pour ces facteurs. En d’autres termes, plus les pères sont émotionnellement impliqués dans l’éducation de leur bébé et plus ils sont heureux et ont confiance en eux, moins leur jeune adolescent a de risques d’être anxieux, hyperactif ou de souffrir de problèmes relationnels et comportementaux.

En revanche, l’implication du père dans les tâches et les soins quotidiens n’a aucune influence sur le développement de l’enfant. De plus, les chercheurs ont mis en évidence qu’avoir un père qui travaille trop (et donc passe peu de temps à la maison) ou qui a des problèmes de santé augmente le risque de troubles du comportement à l’adolescence.

Ce qui compte donc, pour l’équilibre mental et comportemental de l’enfant, c’est le bien-être du père, son implication émotionnelle dans la paternité et la parentalité. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne doit pas participer aux tâches ménagères… Pour cette étude, les bébés étaient nés au début des années 1990 ; il est fort probable que les pères d’aujourd’hui interviennent encore plus dans l’éducation de leur enfant. Ce qui, en soi, est certainement une bonne chose.