Mort de Jean-Christophe Victor, créateur de l’émission « Le dessous des cartes » sur Arte

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Interrogé par L’Express, Pascal Boniface, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, a rendu hommage à Jean-Christophe Victor, le créateur de l’émission Le dessous des cartes, décédé mercredi 28 décembre.

Expert géographe, spécialiste en géopolitique, en relations internationales et anthropologue, Jean-Christophe Victor est décédé mercredi à l’âge de 69 ans. Il était surtout connu pour avoir créé et présenté Le dessous des cartes, émission hebdomadaire d’Arte qui s’appuyait sur les cartes, l’histoire et la géographie pour “faire comprendre” la géopolitique et les événements actuels.

Ses deux dernières émissions étaient ainsi consacrées aux Océans sans poissons et aux Nouvelles de l’Antarctique.

Interrogé par L’Express, Pascal Boniface, le directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), a tenu à lui rendre hommage.

 

Que voulait transmettre Jean-Christophe Victorpar-dessus tout?

Il voulait faire comprendre aux autres, faire de la pédagogie, rendre explicites et claires au plus grand nombre des choses compliquées. Il a voulu montrer que les questions de géopolitiques n’étaient pas destinées à l’élite, il voulait les partager à tous, aussi bien par ses émissions que ses atlas, notamment celui qu’il a publié récemment [Le dessous des cartes. Asie, itinéraires géopolitiques].

Qu’a-t-il apporté à la télévision ?

C’est lui qui a amené le premier cette matière sur le petit écran. Il a joué ce rôle de pionnier et c’était une innovation à l’époque de réussir à parler de géopolitique à la télé sans faire fuir, mais au contraire en fidélisant un public. Il n’était pas le seul à travailler dans ce sens, mais il a contribué à intéresser le plus grand nombre à la géopolitique.

Que retiendrez-vous de lui? Quelles ont été vos relations professionnelles?

“Quand j’ai publié L’année stratégique en 1985, il m’a servi de pilote. Quand j’ai écrit Les Intellectuels intègres en 2013, je lui ai consacré un chapitre [Pascal Boniface avait dressé son portrait aux côtés notamment de Stéphane Hessel ou Régis Debray]. Je retiens de lui qu’il n’a jamais transigé et n’a jamais émis une opinion pour plaire à quelqu’un ou pour éviter de déplaire.

Il évoquait des sujets sensibles, mais jamais il n’a cédé à des pressions de tel ou tel groupe ou telle ou telle communauté, il n’a jamais refusé de traiter d’un sujet jugé “trop sensible”. Ce qu’il disait était cartographié et incontestable. Bien sûr, on peut faire dire ce que l’on veut aux cartes, mais celles qu’il montrait n’étaient jamais susceptibles d’être remises en question.

On évoque souvent le fait qu’il était le fils du célèbre explorateur polaire Paul-Emile Victor, mais on oublie trop souvent sa mère, Eliane Victor, journaliste. Mais quelle que soit la qualité de ses parents, il n’était pas un “fils de”. Il n’a jamais renié son héritage familial, mais ne l’a jamais utilisé pour sa propre promotion.