Birmanie: dissolution de Ma Ba Tha, le mouvement islamophobe de Wirathu

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Le puissant mouvement birman de moines extrémistes emmené par Wirathu, connu pour ses diatribes contre les musulmans, a été interdit dans le pays, selon une décision du clergé bouddhiste annoncée mardi.

“Il est interdit pour toute personne ou groupe d’entreprendre quelques actions sous la bannière de Ma Ba Tha”, a écrit la Sangha, la haute assemblée bouddhiste, dans une lettre envoyée au gouvernement, dont l’AFP a obtenu une copie.
“Toutes les pancartes de Ma Ba Tha dans le pays doivent être retirées d’ici le 15 juillet au plus tard”, a-t-il précisé.

Depuis l’ouverture du pays en 2011, le mouvement fondamentaliste qui se voit comme une vigie contre la menace d’une islamisation de la Birmanie, pays qui compte moins de 5% de musulmans, est de plus en plus présent.
Ces dernières années, les violences contre la communauté musulmane sont récurrentes en Birmanie.

L’hyperactif Wirathu qui est la figure de proue du mouvement et aime communiquer via les réseaux sociaux, est actuellement à l’affiche à Cannes dans un documentaire du cinéaste Barbet Schroeder présenté en sélection officielle hors compétition.

Ce dernier a été interdit de sermon en mars dernier pour une année, par la Sangha. Et l’an passé, le ministre birman des Affaires religieuses avait mis en garde le groupe, accusé d’attiser la haine antimusulmane dans le pays.
Alors même que les moines – qui sont quelque 500.000 dans un pays de 51 millions d’habitants – n’ont pas le droit de vote en Birmanie, Wirathu et ses partisans sont une force politique en coulisses.

Interrogé par l’AFP, le moine Ottama, l’un des représentants de Ma Ba Tha à Rangoun, a annoncé que la grande conférence annuelle du groupe aurait bien lieu le week-end prochain.

Ces dernières semaines, plusieurs maisons dans un quartier musulman de la périphérie de Rangoun ont été incendiées.
Et depuis des mois, les tensions sont vives dans le nord-ouest où vivent de nombreux musulmans Rohingyas: l’armée birmane a lancé en octobre dernier une offensive d’envergure après des raids meurtriers de groupes armés contre des postes-frontières.

Cette campagne de plusieurs mois a abouti, selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme, à un “nettoyage ethnique” et “très probablement” à des crimes contre l’humanité. Des dizaines de milliers de Rohingyas ont fui au Bangladesh voisin.