Conquêtes mongoles et musulmanes : une fausse ressemblance

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Peuplades nomades ayant en quelques décennies conquis de vastes contrées mettant en déroute les plus grands empires, les conquérants Mongols et Musulmans semblent similaires. Ils sont pourtant bien différents. Explications.

Des armées de Gengis Khan à celles de Mohammed ﷺ , les comparaisons entre leur expansion et leurs invasions semblent légitimes. A priori, car si du premier regard elles semblent similaires – peuplade sortie de nulle part déferlant avec succès sur les grands empires, construisant ainsi le leur à la force d’Hommes semblant être nés pour le combat et s’étendant rapidement sur des espaces gigantesques – beaucoup de différences existent.

Issus de sociétés tribales dans lesquelles les hommes sont nés pour le combat et coutumier du fait (Razzia, vendetta familiale ou clan ennemi appartenant à la même civilisation), tribus Arabes et Mongols se sont unis grâce à la force d’un leader charismatique (Temujin devenu par la suite Gengis Khan et Mohammed ﷺ ) et dans les deux cas avec l’opposition de leurs propres pairs. Bien qu’ils soient capables de mobiliser un grand nombre d’hommes – parfois tous les hommes valides de leur propre tribu – démographiquement ils restent faibles.

Mais les ressemblances s’arrêtent ici.

Sur tous les autres aspects, Arabes et Mongols sont foncièrement et totalement différents, voir même aux antipodes. Si l’expansion Arabo-Musulmane est un cas unique dans la péninsule arabique, les peuplades Mongoles elles s’inscrivent dans une longue tradition de conquête et de pillages de la Pologne à la Corée en passant par la Perse et la Chine. Le passage à l’empire y est cyclique, et non pas un fait unique.

Les Mongols sont exclusivement nomades. Les Arabes seulement par moitié, et certains dont Mohammed ﷺ étaient même citadins. Cette particularité dote les Arabes, tout bédouins qu’ils soient, d’une ébauche de civilisation avec écriture et embryon de culture urbaine.

Animés par la foi, les Arabes influencent et arabisent les territoires qu’ils possèdent. A  contrario, les Mongols sont indifférents aux questions religieuses. Ils n’influencent pas la vie des habitants des terres qu’ils conquièrent mais ce sont eux plutôt qui finissent par se faire influencer d’autant plus qu’ils n’ont pas de politique de peuplement, ils se fondent dans la masse.

Les Arabes ne pratiquent pas de massacre de masse. Ils sont plutôt cléments envers les populations autochtones ce qui joue en leur faveur, évitant ainsi de nombreux combats. Ce n’est pas le cas des Mongols : on ne compte plus le nombre de villes laissées vides après leur passage, et celles mises à feu et à sang. Rarement ils s’accaparent des territoires sans brutalité mis à part grâce à la terreur qu’ils inspirent : les Mongols n’hésitent ni à empoisonner leurs ennemis, ni à massacrer femmes et enfants.

Pour l’établissement de leur chef, les Arabes suivent l’oligarchie marchande de la Mecque : Ils sont tous Mecquois ou issus de la tribu de Quraysh. Les Mongols utilisent des procédés similaires.

L’armée Mongole est audacieuse et disciplinée : ainsi chaque années les guerriers sont-ils rassemblés et entrainés à des situations de combat extrêmes. Via d’immense battues rassemblant l’armée entière dans les steppes, des milliers d’animaux sont mis à mort. Combattant des loups, des tigres et des ours, ils apprennent non seulement à affronter le danger physique mais également la coordination et la discipline. Un puissant esprit de corps se forgent dans leurs unités. L’esprit est différent chez les Arabes : apprenant le combat au cours de razzia et de guerres intestines, ils sont assoiffés d’exploits et d’honneur individuel.

Cette conception différente du combat et de la valeur guerrière se répercutent sur les champs de batailles : que ce soit en technique ou en stratégie, les Arabes sont conventionnels. Les armées musulmanes présentent une ligne de front et des ailes, même schéma que leur ennemi. Trop précieuse pour être prises d’assaut, les villes seront toujours négociées ou ignorées, au moins dans un premier temps.

Les armées de Temujin, menées par le général Suboteï useront elles de ruses et de stratagèmes. Vastes mouvements d’encerclement, raids audacieux, vagues de troupes irrépressibles : ils deviennent même expert en matière de manœuvre et de siège.

Ceci pourrait s’expliquer par l’influence de la civilisation sur les bédouins, plus proche des Méditerranéens. Mais cette proximité fût un atout : elle pourrait être une des clés de la victoire et de la pérennité des conquêtes Musulmanes.