Dans les premiers mois de son règne, s’éleva un désaccord entre les savants de Cordoue et le savant Baqiy Ibn Maklad. Ce dernier avait étudié a Bagdad avec les plus grands savants de cette époque. Il fut un disciple de l’Imam Ahmed Ibn Hanbal. Une fois donc de retour a Cordoue, il se mit a enseigner la jurisprudence de l’école hanbalite. Il ne faut pas oublier qu’en ce temps c’était l’école malikite qui faisait autorité dans tout Al Andalus. Les savants de l’école malikite, qui étaient responsables de toutes les mosquées, s’élevèrent contre l’enseignement de Baqiy Ibn Makhlad. Ayant peur des troubles, ils expliquèrent a l’émir Muhammad qu’il ne fallait pas accepter ses avis divergents car l’école malikite était l’école officielle dans le pays. Muhammad voulait que les deux partis plaidassent leur cause en sa présence, et après avoir attentivement écouté les explications des savants malikites et ceux de Baqiy Ibn Makhlad, l’émir jugea que les divergences d’opinion de l’école hanbalite ne touchaient pas aux fondements de la religion et qu’elles n’étaient pas contraire au Coran et la Sunna. Il disait qu’il serait injuste d’interdire l’école de Baqiy car elle pouvait servir a éclairer les esprits. Il reconnut dans les avis de Baqiy des idées intéressantes et utiles. Aussi, les qualités de Baqiy plurent a Muhammad, ce qui l’encouragea a accepter l’école hanbalite. Les savants malikites approuvèrent ainsi l’émir qui permit les enseignements de Baqiy.
[L’Islam en Espagne huit siècles d’histoire européenne, Belgacem Marzougui]