Comment une petite forteresse a étendu l’Islam sur tout le Caucase du Nord

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L’une des plus anciennes cités du Caucase du Nord, Kala-Koreïch, était un centre important pour la diffusion de l’islam dans la région. Bien que ce soit une ville fantôme aujourd’hui, elle attire toujours de nombreux touristes et pèlerins.

La cité de Kala-Koreïch plonge ses racines dans l’invasion par le califat arabe du territoire du Daghestan au VIIe siècle. Le village fortifié a été fondé par les membres de la tribu Quraysh, à laquelle le prophète Mohammed (saws) appartenait. C’est également à cette tribu qu’il doit son nom. Kala-Koreïch est devenue la capitale de l’un des États médiévaux les plus puissants, connu sous le nom de Kaïtag Utsmiystvo. La ville est située dans un cadre pittoresque, mais l’endroit difficile d’accès, au sommet d’une montagne entourée de cinq rivières et de falaises abruptes. Il n’est possible de rejoindre Kala-Koreïch que par une petite route à travers la crête. Cette position stratégique a permis à la forteresse de contrôler les routes commerciales et de diffuser avec succès l’islam dans la région. En plus de Derbent, Kala-Koreïch est devenu l’un des principaux centres de diffusion de l’islam sur le Daghestan et l’ensemble du Caucase du Nord.

 

 

Parmi les trésors culturels de Kala-Koreïch figurent les vestiges de la forteresse, une mosquée XIe siècle à moitié détruite, un mausolée pour les derniers souverains (utsmiys) de l’État kaïtag, et un ancien cimetière pour les nobles et les gens ordinaires. Près de la cité, on peut trouver les ruines d’un type oriental d’auberge situé en bordure de route pour les voyageurs et connu sous le nom caravansérail. Ce bâtiment, qui date du XVe siècle, était atypique pour la région, car les Daghestanais ont toujours préféré séjourner dans les maisons de leurs parents et amis. À l’entrée de la cité, on peut trouver un petit monticule de pierre recouvert d’un arbre décoré avec des foulards et des rubans. Selon la légende, une fillette locale y a été enterrée. Dans des temps anciens, lorsque tous les habitants étaient dans la mosquée durant la prière, les ennemis ont attaqué Kala-Koreïch: la fillette parvint seule à les retenir jusqu’à la fin de la prière, et mourut en sauvant la colonie.

 

Les derniers habitants de Kala-Koreïch ont été réinstallés en Tchétchénie en 1944. Après leur retour dans leur patrie, ils ont préféré vivre dans les villes et d’autres villages, condamnant ainsi Kala-Koreïch à devenir une ville fantôme.

 

De nos jours, la cité fait partie du patrimoine culturel du Daghestan et de toute la Russie, et constitue un lieu sacré pour les pèlerins musulmans.

crédit photo : Andrey Borisov (ArtStudio-3D)