Chantre du libéralisme, Madelin désavoue le programme de Fillon

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L’ancien ministre de l’Économie qui fut longtemps le porte-drapeau des libéraux français ne valide pas le programme thatchérien de l’ex-premier ministre.

François Fillon qui veut être le candidat le plus libéral de la primaire de la droite est critiqué par Alain Madelin, qui fut longtemps l’étendard des libéraux. L’ancien candidat à l’élection présidentielle de 2002 dit jeudi dans Le Point tout le mal qu’il pense de la direction prise par François Fillon. «Si François Fillon, qui a sûrement beaucoup mûri, passe pour le plus libéral, c’est hélas parce que son programme est assurément, en matière de purge, le plus abouti», regrette l’ex-président de Démocratie Libéral (1997-2002). «Voilà qui prête le plus à la caricature d’un libéralisme antisocial…», ajoute-t-il. Même si l’ancien ministre de l’Economie reconnaît que les propositions de François Fillon «plaisent à certains patrons et même à quelques-uns de (ses) amis libéraux». Mais, ajoute Alain Madelin, «c’est une erreur au moment où s’ouvre le créneau électoral d’une gauche libérale préparée par l’évolution de nombreux intellectuels… Bien sûr illustrée par le phénomène Macron».

S’il critique François Fillon, il n’est guère plus tendre avec les orientations économiques des autres candidats. «Le programme commun de la droite qui se dégage est considéré par les observateurs – et même parfois revendiqué comme tel- comme un projet de rupture très libéral. Malheureusement pour de mauvaises raisons… Parce qu’il fait la part belle aux entreprises à qui l’on promet de nouvelles baisses de charges sociales payées par une augmentation plus ou moins forte de la TVA, parce qu’on annonce la suppression de l’ISF, des 35 heures, la dégressivité des allocations chômage, leur limitation dans le temps, le report de l’âge de la retraite, des coupes sombres dans le nombre des fonctionnaires, voire la suppression de leur statut…», énumère l’ancien ministre. Ajoutant: «Je pense que cette présentation est une caricature du libéralisme qui apparaît comme une purge patronale. C’est du Robin des bois à l’envers: prendre de l’argent aux pauvres pour le donner aux riches!»

Crédits photo © ABACA